Rencontre avec Audrey, hôte en Martinique

Rencontre avec Audrey, hôte chez Caribbean Pan. Elle partage aujourd'hui avec nous son expérience ainsi que son enthousiasme communicatif. L'aventure Caribbean Pan ne serait rien sans ceux qui la bâtissent, lumière sur nos producteurs et nos hôtes !

Rencontre avec Audrey, hôte en Martinique

L'aventure Caribbean Pan ne serait rien sans ceux qui la bâtissent, et nous avons à coeur mettre en avant nos producteurs et nos hôtes.

Nous avons rencontré Audrey, qui est récemment devenue hôte Caribbean Pan et qui partage aujourd'hui avec nous son expérience.

CP : Bonjour Audrey, peux-tu te présenter ?

Audrey : Bonjour Indy, alors moi c’est Audrey, j’ai 35 ans et je suis hôte Caribbean Pan depuis son lancement en 2024. De part mon métier - je suis entrepreneur dans la foodtech (ndlr : dans la technologie de la restauration) - je vis entre la métropole et la Martinique, c’est un peu sportif, mais on s’y fait !

CP : Oui en effet, du coup pourquoi avoir rejoint CP malgré ce planning chargé ?

Audrey : C’était pour moi une évidence ! Je suis passionnée de cuisine, j’ai les compétences, on me félicite pour mes réalisations dès que je cuisine et j’aime aussi les gens ! Durant mon temps libre, je m’adonne à l’activité d’hôte et j’adore ça !

CP : Qu’est ce qui fait que tu te retrouves dans l’aventure CP ?

Audrey :  La cuisine caribéenne est née du métissage et de la rencontre de tous les peuples et cultures qui se sont mélangés dans cette région. Elle est le  reflet d'une histoire pluri-culturelle, et le fruit du passage des différentes populations qui y ont été présentes et y ont laissé leur empreinte culinaire.
Cette cuisine est riche en couleurs et en saveurs, et elle propose une large palette gastronomique, pour un véritable voyage des sens. Selon moi, la cuisine caribéenne est tellement variée et multiple qu’elle  saura enchanter tous les sens et combler toutes les envies. Tout ça, ça me parle et ça résonne beaucoup en moi, le côté historique m’intéresse aussi beaucoup.

​CP : Oui, d’ailleurs tu t’y connais pas mal sur l’histoire de la cuisine caribéenne et ses influences. Tu peux nous citer quelques exemples ?

Audrey : oui, déjà, globalement, on retrouve partout dans la Caraïbe les mêmes ingrédients de base : les lentilles, haricots rouges et pois, la morue salée, les viandes en salaison, le cochon, l’igname,  autres tubercules et racines, les bananes vertes ou bananes plantain, poissons et fruits de mer du fait de la grande richesse en ressources halieutiques etc… c’est une cuisine dont la déclinaison de saveurs, d’odeurs et de couleurs ne peuvent que nous mettre tous en appétit ! Miam !

Pour l’aspect un peu plus historique, je peux vous parler par exemple du manioc, largement utilisé dans la cuisine antillaise et cubaine (farine de manioc, kwak, cassaves, yuca con mojo...), qui était déjà consommé par les populations amérindiennes et arawaks avant même l'arrivée des colons.
Aussi, ces habitants historiques de la Caraïbe cuisaient déjà la viande par une technique d'enfumage dite technique du "boucané" toujours utilisée de nos jours.
On peut citer également les tripes, le boudin, les lentilles qui ont été amenés par les colons, et qui ont influencé certains plats comme les tripes et ti nains en Martinique et Guadeloupe.
Le dombré lentilles est inspiré par le classique plat de lentilles et petit salé et par les knepfles juives amenées par les juifs hollandais chassés du Brésil par l’inquisition portugaise en 1654.
Et les esclaves déportés d'Afrique ont influencé la cuisine avec les gombos, les dérivés des foo-foo africains comme le bajan cou-cou, ou encore le bébélé –qui est aujourd’hui une des spécialités phares de l’île de Marie-Galante, la soupe à congo, le migan de fruit à pain, le calalou...

CP : Et bien sûr la cuisine caribéenne trouve aussi des influences autres, comme les influences indiennes ou européennes…

Audrey : oui tout à fait.  Le curcuma, le gingembre, le colombo, le curry ont été amenés par les Indiens après l’abolition de l’esclavage.
On retrouve les influences de la cuisine espagnole dans les îles hispaniques, comme le locrio, une variante de la paëlla à la République Dominicaine, ou le sofrito (sauce tomate) à Cuba ou Puerto Rico.
Les îles françaises ont hérité de la culture boulangère et pâtissière française, et ont su s’adapter pour toujours plus de gourmandise. 

CP : Vraiment intéressant, et les fameux acras ?

Audrey :  Les fameux acras de morue présentent de nombreuses similitudes avec les pastéis de bacalhau portugais, qui sont des beignets à base de pomme de terre et de morue.

CP : On comprend en effet que le passé historique complexe de la Caraïbe explique ce melting pot des saveurs. On comprend aussi que le sujet te passionne !

Audrey :  Exactement !  La cuisine caribéenne et antillaise est délicieuse, colorée, incroyable de diversité, addictive, bref, absolument mamamia ! Je ne suis pas seule à penser qu'elle mérite d’être davantage représentée à l’international, tout comme le fait que des actions locales doivent être menées dans le but de la promouvoir davantage.
C’est vrai, il est très facile de trouver dans la Caraïbe et aux Antilles de bons restaurants qui offrent une cuisine vraiment goûteuse et authentique. Cependant les repas proposés sur la carte sont souvent pensés suivant un même standard, et  la cuisine familiale ou un peu plus traditionnelle n’est que trop rarement proposée…

 

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CP : Pour toi, quel est le lien entre la cuisine d’un pays et l’expérience du voyage?

Audrey : La cuisine est le reflet d’une identité, elle fait partie intégrante du patrimoine et de la culture d’un pays ou d’une région. Il est donc très important qu’elle soit valorisée, transmise, et représentée ! De plus en plus de voyageurs sont à la recherche d’authenticité durant leur séjour… les voyages passent aussi par les plaisirs de la bouche ! L’émergence du slow- tourisme (ndlr: tourisme lent) traduit ce besoin de retour aux sources et à l’essentiel dans l’expérience du voyage.

CP : Si tu devais passer un message aux hôtes qui comme toi veulent nous rejoindre, tu leur dirais quoi ? 

Audrey : Caribbean Pan invite ses hôtes à proposer une cuisine  qui leur ressemble, en osant également une cuisine authentique et typique caribéenne ! Alors allez-y, faîtes nous saliver, osez la cuisine familiale de chez Maman ! Ressortez le vieux grimoire de Grand-Mère et les recettes antan lontan ! Faîtes partie de ce beau projet de préservation du patrimoine et de partage culturel ! Surprenez vos convives avec des spécialités bien de chez nous ! Faîtes Vivre la Caraïbe Autrement à vos voyageurs, ils se souviendront de cette expérience unique

 CP : Et pour quelques idées de plats vraiment typiques qu’ils pourraient proposer, qu’est ce qui te vient à l’esprit ? 

Audrey : Étant martiniquaise, je peux leur suggérer de s’exprimer avec ces spécialités un peu “oubliées” bien de chez nous, comme une sorte d’hommage à notre culture.  Si vous cherchez un peu d’inspiration, voici quelques idées de plats authentiques de chez nous, mais pas que, que vous pourriez proposer à vos invités :  

  • Entrées : Lapo sinyin; Souskaye morue; Acras titiris;
  • Viandes : Grillades et sauce chien; Colombo de cabri; Bouillon d’awara
  • Poissons : Court-bouillon de requin; Daube de poisson; Tinain lan mori; Macadame de morue; Blaff de poisson;
  • Soupes et plats en sauce : Pâté en pot; Bébélé; Dombré haricots rouge; Migan de fruits à pain; Calalou; Soup jouwoumou; Bouyon viv ak pye poul; 
  • Accompagnements ou plats complets : Gratin d’igname; Jambalaya; Mayi moulin haïtien; Duri kole ak pwa tchous
  • Desserts et entremets : Labouyi bannann; Labouyi farin mayi; Gateau Malélivé; Glace au comou; Kwak et wasai; Bedinguel guyanais

 

Bonne cuisine et bonne régalade à tous !

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